Ce soir, je vais « devenir Lion pour la seconde fois », en rejoignant officiellement le Lions Club de Dublin ; c’est l’occasion pour moi de quelques réflexions sur mon engagement dans le Lions Club International, mais aussi, peut-être, de répondre à quelques interrogations de mon entourage.
Je suis devenu membre du Lions, il y a 9 ans, à la faveur de la création d’un Club entreprise par un ami. Il lui fallait vingt membres et j’étais probablement le vingtième homme. Auparavant, je n’avais qu’une vague idée de ce qu’était le Lions Club, et je n’aurais probablement jamais eu l’idée de demander à devenir membre. De loin, cela paraissait réservé à une certaine élite sociale dont je ne faisais a priori pas partie, et – puis-je l’avouer ? – le tout me paraissait assez poussiéreux.
C’est donc presqu’a posteriori, après avoir reçu mon insigne, que j’ai découvert les objectifs du Lions Club. Et, au cours des années qui ont suivi, je me suis pris au jeu. D’abord en participant aux activités au sein de mon Club : avec un enthousiasme toujours intact, je me suis investi dans la collecte pour la Banque Alimentaire, j’ai passé des heures à répondre au téléphone pour le Téléthon, et sous la pluie à essayer de vendre quelques bricoles pour les œuvres du Club… Ensuite, en reprenant des responsabilités au sein de mon Club, différentes fonctions, Secrétaire, puis Président. Encore et surtout, en m’investissant au delà du Club : responsable de la collecte pour la Banque Alimentaire du District, et membre de l’équipe « Leadership ». J’étais notamment systématiquement volontaire pour les sessions d’accueil des nouveaux Lions, ce qui me donnait le privilège de connaître personnellement tous les nouveaux entrants. Et j’ai eu l’occasion de participer à différents séminaires et « formations de formateurs », en France et à l’international. Tous de grande qualité, en compagnie de personnes de grande qualité. Je garde un souvenir tout particulier d’un séminaire à Istambul, en février 2011, sous la direction de Nesim Levi et Jacques Garello, avec des amis venus de toute l’Europe.
Voici deux ou trois choses que vous ne savez probablement pas si vous n’êtes pas membre du Lions Club.
- Avec 1.500.000 membres, le Lions Club International est de fait la plus grande organisation non gouvernementale du Monde. Les Lions sont présents dans tous les pays libres du Monde.
- Si, dans notre vieille Europe, le Lions souffre d’une image quelque peu surannée, ce n’est pas le cas si l’on considère la chose au niveau mondial : au contraire, le mouvement est extraordinairement jeune et dynamique.
- Il y a une différence fondamentale entre le Lions et la plupart des organisations caritatives : un Euro collecté, c’est un Euro reversé. Autrement dit, les frais de fonctionnement de l’association sont entièrement supportés par les cotisations des membres. Il est rigoureusement impossible qu’une somme que vous ayez donnée au Lions Club à l’occasion d’une manifestation ait servi à payer un repas ou des frais d’essence. C’est quelque chose qui surprend souvent les gens lorsqu’ils l’apprennent. J’ai entendu une fois cette réflexion : « en somme, vous payez de votre poche pour faire quelque chose d’utile ».
- Dans un célèbre discours prononcé 1925, Helen Keller appelle les Lions à devenir les « chevaliers des aveugles » et, de fait, le Lions Club International s’est toujours occupé des problèmes de vue. Pour autant, la plupart des gens ne savent pas que ce sont les Lions qui ont créé la canne blanche, les écoles de chiens-guides d’aveugles, ou le Centre du Glaucome de l’Hôpital des Quinze-Vingts.
Il y aurait d’autres choses à dire, mais l’objectif ici n’est pas d’être exhaustif sur l’action du Lions…
La devise des Lions est « nous servons » (« we serve » en anglais) et l’idée de départ a été formulée ainsi par le fondateur du mouvement, Melvin Jones : « On ne va pas bien loin dans la vie si on ne fait pas quelque chose pour quelqu’un d’autre ». Une dimension du Lions qui me convient bien, c’est l’action. Les Lions ne se contentent pas de beaux discours, mais agissent (à tel point qu’on peut leur reprocher un défaut de communication, puisque le public sait finalement assez peu ce qu’ils font).
Je me définis comme un libertarien. Si le mot « libéral » n’avait pas été dévoyé de plusieurs façons, je pourrais dire que je suis un libéral. La meilleure définition que j’ai trouvée d’un libertarien, c’est quelqu’un qui dit : « je crois à la Liberté » sans ajouter derrière « Mais… ». Parmi les nombreux reproches qui sont faits au libéralisme, le plus courant est celui d’être une philosophie de l’égoïsme : ce serait la loi du « chacun pour soi » et personne ne prendrait soin des « laissés pour compte ». Or les Lions prouvent le contraire, jour après jour, depuis 1917. Des Hommes libres agissent pour d’autres Hommes, donnent de leur temps, sans y être contraints par l’État, sans y être contraints du tout. Le Lions prouve que l’Humanitaire et l’Humanisme existeraient dans une société libre. Plus fondamentalement, les 45000 Lions Clubs à travers le Monde sont autant d’expressions de la société civile qui s’organise et qui se prend en charge ; ils démontrent par l’action et par leur inventivité qu’une société d’Hommes libres est possible. Les seuls pays au Monde où les Lions ne sont pas présents sont les régimes totalitaires, et ceci n’est pas un hasard.
« L’altruisme pur, me direz-vous, cela n’existe pas. Donc si vous êtes Lions, c’est que cela vous apporte quelque chose… » Ma réponse vous surprendra peut-être : « Oui ». Oui, je suis Lion aussi pour prendre soin de moi. D’abord parce qu’au sein du Lions Club j’ai trouvé des amis. L’amitié est cultivée au sein du Lions en tant que valeur, et cela se vit très concrètement : ainsi c’est bien par des amis que j’ai été spontanément accueilli au Club de Dublin. Ensuite, parce que le Lions Club est un formidable lieu de progrès. Un lieu de progrès dans le sens où l’on peut s’y exercer à de nouvelles responsabilités dans un cadre qui par nature est sympathique et bienveillant. On y développe évidemment ses compétences sociales, ce qui est encore une façon de développer son humanité.
Certains de mes amis m’objectent que le Lions Club est loin d’être une organisation parfaite : les ambitions personnelles, la volonté de pouvoir y travestissent parfois les objectifs les plus nobles… C’est vrai, et il n’existe pas d’organisation humaine parfaite. Des amis très proches, ancien Lions, ont eu l’occasion d’être profondément déçus par le mouvement, et je sais qu’ils comprennent difficilement mon « réengagement » de ce soir, si même ils ne le vivent pas comme une certaine trahison de ma part.
Que dire ?
À mes yeux aujourd’hui et pour ce qui me concerne, le Lions constitue le meilleur cadre pour agir. Le mouvement n’est pas parfait ? Soit. Mais si l’on attend l’organisation parfaite pour s’engager et agir, on ne s’engage et on n’agit jamais.
Si l’on attend que le Monde soit parfait pour agir, notre action n’aura plus aucun sens. Les Lions seraient inutiles dans un Monde parfait.
Discours d’Helen Keller
« Chers Lions et Lionnes,
Je suppose que vous connaissez cette légende qui décrit la chance comme une jeune femme capricieuse ne frappant à chaque porte qu’une seule fois. Si la porte tarde à s’ouvrir, la jeune femme passe son chemin, pour ne jamais revenir. C’est ainsi. Les femmes les plus charmantes n’attendent pas. Vous devez agir vite pour ne pas les laisser filer.
Je suis votre chance. Je frappe à votre porte. Je veux être adoptée. La légende n’explique pas ce que vous devez faire si plusieurs belles occasions se présentent à la même porte. J’imagine que vous devez choisir celle qui vous plaît le plus. J’espère que vous allez m’adopter. Je suis la plus jeune ici et ce que j’ai à vous offrir regorge d’occasions de vous illustrer par vos actions.
La Fondation américaine pour les aveugles n’a que quatre ans d’existence. Elle a été créée en réponse aux besoins urgents des aveugles, qui en sont eux-mêmes les instigateurs. Sa portée et son importance sont nationales et internationales. Elle incarne les pensées les plus généreuses et les plus éclairées que nous ayons jamais inspirées. Sa mission est de valoriser les personnes aveugles dans nos sociétés, en leur apportant une nouvelle valeur économique et en leur offrant la satisfaction d’une activité normale.
Essayez d’imaginer ce que vous éprouveriez si vous étiez soudainement frappé de cécité. Voyez-vous trébucher et avancer à tâtons en plein jour comme s’il faisait nuit, forcés de renoncer à votre travail et à votre indépendance. Dans cette obscurité, ne seriez-vous pas heureux qu’un ami vous prenne par la main en vous disant : « Viens avec moi et je t’apprendrai à faire certaines choses que tu avais l’habitude de faire quand tu pouvais voir » ? C’est précisément le genre d’ami que sera la Fondation américaine pour tous les aveugles de ce pays, si les personnes voyantes lui apportent le soutien dont elle a besoin.
Vous connaissez mon histoire : comment quelques mots transmis par les doigts d’un autre, un rayon de lumière d’une autre âme, ont percé l’obscurité de mon esprit et m’ont permis de me découvrir, de découvrir le monde et Dieu. Grâce à mon institutrice, qui a appris à me connaître pour me libérer de cette prison sombre et silencieuse dans laquelle j’étais murée, je suis désormais capable d’agir pour moi-même et pour les autres. C’est d’attention, plus que d’argent, dont nous avons besoin. Si vous vous sentez sincèrement concernés, si nous pouvons faire en sorte que les citoyens de ce grand pays s’impliquent réellement, les aveugles pourront triompher de leur cécité.
Je m’adresse à vous, Lions, pour vous offrir l’occasion d’agir, en encourageant et en soutenant le travail de la Fondation américaine pour les aveugles. Aidez-moi à avancer vers ce jour où la cécité évitable sera éradiquée, où chaque enfant sourd ou aveugle bénéficiera d’une éducation digne et où aucun aveugle, homme ou femme, ne sera laissé sans assistance. J’en fais appel à vous, Lions, qui voyez, qui entendez, avec toute votre force, votre courage et votre bienveillance. Devenez les Chevaliers des aveugles dans la croisade contre l’obscurité.
Je vous remercie. »
Discours prononcé lors de la Convention internationale de 1925 – Cedar Point, Ohio, États-Unis, le 30 juin 1925
Je suis fier d être un LIONS. C’EST MA SECONDE RELIGION
Merci pour ta lecture et ton commentaire (je me permets de te tutoyer car tu es Lion). Pour moi, cela ne relève pas du domaine de la religion (nous sommes tous différents), mais je suis fier également. Merci encore, mon Ami.
Merci pour le partage cher ami. Cela remet tout en place… où il faut! Merci encore
Merci à vous, pour votre lecture. Et pour votre gentil commentaire !