Un éclat. Éblouissant. La blanche étrave du vaisseau s’éleva de plusieurs pieds au-dessus de l’eau bleue, avant de replonger, dans un formidable éclat d’écume, heureux comme un rire d’enfant. Les voiles chahutèrent un instant le vent, avant que le navire ne regagne de la vitesse. Yan ressentit toute la puissance de l’embarcation vibrer sous ses pieds, elle se propagea dans son corps telle une onde, elle l’inonda d’un bien-être inédit ; il inspira profondément et il réalisa qu’il avait toujours étouffé sur la terre ferme, comme s’il avait été emprisonné dans un cercueil. Le seul fait d’être sur l’Océan le rendait à la vie. Et il n’avait définitivement aucun regret pour tout ce qu’il laissait derrière lui…
Yan entendit des chevaux hennir derrière lui. Lorsqu’il se retourna, il les vit, splendides, galoper sur les vagues, il vit aussi des aigles brillants comme de jeunes étoiles, il entendit le chant magique de sirènes antiques et il ressentit sur son visage une chaleureuse brise venue du Sud. Alors il sut que tout cela n’était pas réel, qu’il était en plein milieu d’un rêve, un court instant l’idée lui vint de s’éveiller, avant de s’abandonner tout entier à son sommeil…